Crezan
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Le HENRI FARMAN [N°2] "Flying Fish" (Atelier d'Aviation Voisin Frères)

  

Janvier 1908


            Dès sa réussite dans le Grand Prix d'Aviation le 13 janvier 1908, Farman active la production par les Frères Voisin du Henri Farman "Flying Fish". La dénomination Henri Farman n°2, utilisée par la presse, ne semble pas utilisée dans les textes ou interviews des frères Voisin ou de Farman. Par ailleurs, le second biplan fabriqué à l'automne 1908 par les Frères Voisin pour Henri Farman a porté très brièvement cette dénomination.

            Le "Flying Fish" se retrouve dans le brevet FR 386396 "Perfectionnements apportés aux aéroplanes" délivré aux Frères Voisin le 20 janvier 1908, soit peu après que Farman ait remporté le Grand Prix d'Aviation. Même si le concept en sera par la suite revendiqué à plusieurs reprises par Henri Farman, les caractéristiques de l'appareil montrent sans vraiment d'ambiguité les marques typiques d'une conception des Frères Voisin.


            L'idée initiale semble avoir été la réalisation d'un monoplan. En mars 1908, les frères Voisin écriront dans L'Aérophile que leur conception a été influencée par la volonté d'éviter les efforts exercés sur les points d'attache au fuselage de la grande voilure (11 mètres d'envergure) du "monoplan de Blériot". Il s'agit inévitablement du Blériot VII, dont la construction et les essais ont eu lieu entre octobre et décembre 1907. Ceci confirmerait la datation du projet du "Flying Fish" ; il semble vraisemblable, compte tenu de l'allure générale de l'appareil, que leur projet a également été influencé par le Blériot VI "Libellule" avec sa paire d'ailes en tandem.

            

            Le projet des Voisin utilise à l'avant 3 paires d'ailes de 6,30 mètres d'envergure, décalées et étagées pour éviter qu'elles ne se perturbent mutuellement. A l'arrière, ils placent deux autres paires d'une envergure de 4,60 m. Toutes ces voilures d'une corde identique de 1 mètre sont montées sur un fuselage d'une longueur de 14 mètres et de 0,90 m de large. Le fuselage est réalisé avec des longerons et montants en frêne, assemblé au moyen de ferrures en acier et rigidifié par des tirants en fil d'acier.

            La surface totale de l'appareil est de 24 m² (donc voisine des 25 m² du Blériot VII). Chaque aile est construite autour d'un longeron supportant 13 couples; ce longeron est un tube, ce qui permet de modifier à la demande le calage des ailes. A l'instar du Blériot VII, la dernière paire d'ailes arrière est mobile et sert de gouverne de profondeur. Le gouvernail est complété par une gouverne verticale. Elles sont complétées par une dérive triangulaire, complétée par un gouvernail de direction.

            Le train d'atterrissage reprend un chassis orientable analogue à celui utilisé sur le Henri Farman N°1, complété d'une unique roulette orientable à l'arrière. Le moteur est placé au niveau de la voilure avant, entrainant par un arbre qui semble relativement long une hélice de 2,50 mètres de diamètre placée à l'avant du fuselage. Le poste de pilotage est placé en arrière des ailes.

            Il est prévu d'utiliser pour l'entoilage la toile caoutchoutée Continental, également prévue pour la remise à niveau de l'appareil du record.

Le plan du Henri Farman "Flying Fish" publié dans L'Aérophile de mars 1908 est similaire à celui appuyant le brevet FR 386396 "Perfectionnements apportés aux aéroplanes" délivré aux Frères Voisin le 20 janvier 1908.

            Le moteur initialement retenu sera également utilisé au début de 1908 sur le Henri Farman N°1 BIS.


            Il s'agit donc d'un V8 produit par Renault Frères. Son refroidissement est assuré par deux ventilateurs refoulant l'air dans un capot pour l'obliger à passer dans les ailettes dont sont munis les cylindres. L'allumage est assuré par une magnéto et le moteur est muni d'un carburateur automatique Renault.

            Ce n'est pas un moteur léger à proprement parler, sa conception ayant d'abord privilégié la régularité de fonctionnement, sur la base de techniques utilisées pour l'automobile. Il a néanmoins été largement réalisé en aluminium pour réduire son poids.

            La vitesse de rotation de ce moteur est de 1800 tours. Pour la réduire, Renault a doté le moteur d'un réducteur la ramenant à 1100 tours, avec une puissance de 47 cv.

            Le poids du moteur est de 147 kg. sa consommation est d'environ 28 litres d'essence à l'heure. 


            Avec cette motorisation, le poids de l'appareil monté doit avoisiner les 600 kg.

            

            Lancé en janvier 1908, la construction de l'appareil est bien avancée en mars lorsque les Frères Voisin livrent leur description de l'appareil à la presse. Ils espèrent alors livrer l'appareil à Henri Farman à la fin du mois de mars 1908.

Le moteur Renault prévu pour équiper le "Flying Fish". [La Nature]

Le Henri Farman "Flying Fish" en construction dans les ateliers Voisin de Billancourt, probablement à la fin février 1908. [L'Aérophile, La Nature]


            Comme pour son Henri Farman N°1, Farman a prévu dans le contrat du "Flying Fish" une garantie de vol. Les essais de réception doivent être effectuer au champ de manœuvres d'Issy-les-Moulineaux et prévoient la traversée en vol de la totalité du terrain.

            Une fois cette réception effectuée, Farman prévoit de réaliser d'abord des es­sais de résistance de l'appareil et de se familiariser progressivement avec lui avant de tenter tout envol...


            En juin 1908, la situation n'a cependant pas évolué. Le moteur Renault ne lui ayant pas donné satisfaction, Farman indique que l'appareil est en attente d'un moteur adéquat, et qu'il n'existe pas de moteur satisfaisant sur le marché français.

            Il semble qu'il ne le trouvera jamais, et sans doute que la formule lui paraîtra sans avenir, car nous n'avons plus trouvé trace par la suite de cet appareil.

HF 2 (Voisin)

HF 1 bis (Voisin)

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