Crezan
F190
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F.190 n° 3 / 7112

F-AIXM


            Le F.190 n°3 est mis en production en même temps que le n°2. Coupet effectue les essais en mars 1929. Le 5 avril, il est enregistré à la S.G.T.A. avec les CdN/CdI 2061 et reçoit l'immatriculation F-AIXM. En décembre, il possède encore la dérive courte, qui est probablement remplacée par la nouvelle dérive au début de 1930.


            Le 6 avril 1929, le F.190 n°3 participe avec le n°2 F-AIXL à la cérémonie organisée par Air Union au Bourget.


            Le 17 mai, piloté par Risser, il effectue un vol Paris- Cologne, retour le lendemain. Le 19, sans attendre il repart pour Berlin, dont il revient le 20.


            Le 9 juin, il participe au Rallye-Transat de l'Aéro-Club de France, piloté par Lallouette et transportant Lucien Rougerie, son épouse, Marcel et Maurice Farman. En août 1929, il passe une visite au Bourget à 108 heures de vol. Ses caractéristiques sont classiques avec un poids à vide équipé de 940 kg et un réservoir de 370 litres.


            Jusqu'en 1933, il est utilisé par la S.G.T.A. comme avion-taxi pour du transport de passagers à la demande. Sans équipement pour le vol de nuit, il bénéficie par contre dès l'origine du chauffage cabine. Son utilisation est régulière et il effectue de 70 à 80 heures de vol par an : on relève en octobre 1930, 205 heures; en août 1931, 278 heures; en novembre 1932, 360 heures. Sa mission essentielle ne nécessite aucune amélioration significative de son équipement durant sa carrière, ce qui explique sans doute le futur désintérêt d'Air France à son égard..

Le F-AIXM parmi les participants au Rallye Transat du Havre [L'Aérophile]

Le F.190 n°3 lors de sa réception, doté de la dérive courte.

[© Michel Barrière]

            

            En août 1933, le F.190 n°3 rejoint la flotte d'Air France qui le baptise "L'Agressif", Mais, après visite, il est stocké dès le 4 octobre, En mai 1935, il est retiré du service pour le motif "appareil inutilisable sur les lignes" et rayé du registre. En mai 1936, une grande visite à 359 heures prélude à une nouvelle carrière. Le 8 mai 1936, Veritas renouvelle ses CdN 1217 et CdI 4688. La contenance de ses réservoirs a été portée à 475 litres. Le 9 mai, il est enregistré à la Compagnie Nantaise de Navigation Aérienne (C.N.N.A.), société créée en 1935 à l'instigation de René Marchesseau.


            René Marchesseau (1897 - 1940), pilote d'origine militaire, connait bien le F.190 : en octobre 1929, il a réussi avec Marcel Goulette et le mécanicien Jean-Michel Bourgeois une liaison rapide Paris – Madagascar sur le F.192 n° 3. Il a quitté l'armée en 1931 et créé avec succès une école de pilotage à Berck-sur-Mer.

            A la fin de 1934, le conseil d'administration de l'Aéro-Club de l'Atlantique décide la création à La Baule d'une école de pilotage dont la direction est confiée à Marchesseau, désormais installé à La Baule - Le Pouliguen.

            En 1935, convaincu de l'intérêt de l'avion pour l'alimentation des grandes villes en produits frais, Marchesseau passe à l'acte pour répondre à la crise de la pêche à la sardine qui affecte durablement l'activité locale. Après des premiers essais avec un F.190 affrété auprès d'Air France, il convainc trois industriels nantais et l'Aéro-Club de l'Atlantique de fonder la Compagnie Nantaise de Navigation Aérienne, dont le siège est à Nantes, pour transporter pendant la saison d'été des sardines fraîches entre la Loire Atlantique et les grandes villes françaises. Sa flotte initiale est constituée de 3 Laté 25 ex-Aéropostale rachetés à Air France. Le premier vol d'Escoublac au Bourget est effectué le 1° août 1935 par Marchesseau avec un Laté 25. Le succès est au rendez-vous et, pendant la suite de l'été, la compagnie fonctionne régulièrement. Après Paris, elle dessert début septembre Le Mans, avant d'étendre son service à Rennes, Tours, Poitiers et Angers, prévoyant de poursuivre ensuite vers d'autres villes du centre. Au total, 60 tonnes de sardines seront livrées en 1935 à Paris et 7 villes de province.


            Pour 1936, la compagnie a de grosses ambitions : livrer 12 tonnes, soit 300.000 sardines, par jour. En mai, sa flotte s'accroit du F.190 n°3 F-AIXM et d'un nouveau Laté 25. Les Laté de la compagnie conservent leurs livrées de l'Aéropostale complétée d'un bandeau portant les lettres C.N.N.A. ou le nom de la compagnie. On ne connait pas la livrée du Farman, mais il est possible qu'il ait conservé sa livrée de la SGTA surchargée de la marque de la CNNA.


            Mais, l'année 1936, marquée par les grèves, est de plus une année de mauvaise pêche. L'activité de la compagnie s'en ressent sérieusement. Le 23 juin 1936, le F.190 piloté par Marchesseau effectue le premier vol de la saison en livrant 400 kg de sardines à Paris, se posant à 15h45 pour repartir à 17h50. Il réitère ce service le 26 juin, puis le 7 juillet. En juin, Marchesseau passe à Vichy-Rhue avec son F.190.

            Pour compenser la baisse d'activités, la compagnie tente de se diversifier dans le transport de divers produits frais. Le 20 août 1936, par exemple, le Laté 25 F-AIQJ piloté par Jacques Josse est pris dans le brouillard lors d'une liaison Limoges - La Baule et se pose près de Montoir : il transporte ce jour-là 400 kg  de raisin. Mais, malgré ses efforts, son destin est scellé : la C.C.N.A. effectue son dernier vol en novembre 1936.

            Le 30 août, alors qu'il donne des baptêmes de l'air avec un Caudron, Marchesseau s'écrase suite à l'affolement d'un de ses passagers. Deux d'entre eux sont tués et les autres occupants de l'appareil, dont Marchesseau, sont sérieusement blessés.

            En janvier 1937 le journal Les Ailes publie l'annonce de la mise en vente de la flotte de la compagnie : 4 Laté 25 équipés pour le transport des marchandises et le Farman 190. Il semble que cette annonce ne soit cependant pas alors suivie d'effets.

            En 1937, l'école Marchesseau est installée à Vannes.

            Le 17 décembre 1937, une assemblée générale extraordinaire décide la dissolution de la compagnie et la nomination d'un liquidateur.


            Lors de la liquidation, René Marchesseau rachète le F-AIXM pour l'école de pilotage qu'il anime désormais à La Baule – Thouars avec Yves Olivaux, jeune pilote de 27 ans, ancien de la C.N.N.A. En janvier 1938, l'avion est enregistré au nom de Marchesseau. Le 17 août, le Farman passe sa visite annuelle à Thouars à 519 h de vol.


            En juin 1939, l'école envisage probablement une évolution de ses activités car le journal "Les Ailes" du 7 juillet publie une annonce de mise en vente par Marchesseau du Farman 190 et d'un Farman 202.


            Le sort ultérieur de l'avion, probablement réquisitionné, est inconnu.


            René Marchesseau décèdera le 22 juin 1940 en Espagne dans l'accident de l'Amiot qu'il convoie vers l'Afrique du Nord.

 1940 : La triste fin des Laté 25 de la CNNA [Coll Michel Barrière]

Les Avions Farman

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F.19O n°4 F-AIXQ