Le Farman 190
F.190 n°14 / 7127
F-AJAI
Ayant reçu les CdN/CdI 2104 le 17 mai 1929, le F.190 n°14, de numéro constructeur 7127, est enregistré à la Société des Avions H&M Farman. Il s'agit d'un appareil de transport classique, doté de réservoirs de 280 litres et d'une hélice bois Chauvière 7120, plus tard remplacée par une Levasseur métallique.
Il est rapidement utilisé par Air Union, et basé au Bourget. Le 27 juin 1929, il participe au meeting de Douai - La Brayelle piloté par Bajac. Le 25 juillet, piloté par Adrien Foucard, il effectue une liaison sur Berck avec 4 passagers, puis le 3 août, sur Cherbourg.
En novembre 1929, il passe une visite au Bourget à 144 heures de vol. le 12 décembre, il fait une liaison Lyon - Genève.
Ce n'est qu'en octobre 1930 qu'on le voit enregistré à Air Union. Repeint dans les ateliers de la compagnie, il porte la même livrée rouge sombre et argent que les autres F.190 (n°26 et 27) de la compagnie, mais avec semble-t-il le nom "Air-Union" sur la dérive. Le 15 novembre, piloté par Foucard, il fait une liaison sur Lyon avec 3 passagers.
Jusqu'en 1932, il est utilisé en complément du F-ALQN sur la ligne Tunis-Bône, la fréquence de la liaison saisonnière (avril-octobre), bihebdomadaire en 1930, étant devenue trihebdomadaire en 1931. En octobre, sa visite est effectuée à Tunis à 590 heures de vol.
En 1933, l'appareil, baptisé "L'Arrogant" est repris par Air France et transféré au Moyen-Orient. Il suit alors une carrière d'affrètement saisonnier par la Société des Transports du Proche Orient (S.T.P.O.), société de services détenue par les groupes pétroliers pour assurer leurs transports de personnel et de fret, notamment sur le trajet Damas- Bagdad.
En mai 1934, il est enregistré à la S.T.P.O. En novembre 1934, il rejoint le réseau méditerranéen d'Air France. C'est probablement cet appareil qui, piloté par le capitaine Douchy, futur chef-pilote de la S.T.P.O., donne les baptêmes de l'air lors de la fête donnée en novembre 1935 à Damas par la 39° demi-brigade du Levant. En octobre 1935, il est de nouveau enregistré à la STPO. Au premier trimestre 1937, il passe sa visite à 1105 h, et en octobre est de nouveau enregistré à Air France. Apparemment sans perspective nouvelle d'emploi à la S.T.P.O., il est alors mis en vente par Air France.
Le F.190 F-AJAI au meeting de Douai-La Brayelle. Malgré la mauvaise qualité de l'image, on reconnait bien la livrée d'usine Farman bleu ciel et argent.[Le Grand Echo du Nord de la France via gallica.bnf.fr].
Restitution du F.190 F-AJAI d'après une mauvaise photographie d'un F.190 de la ligne Tunis-Bône à l'immatriculation indiscernable. Nous supposons qu'il s'agit du F-AJAI du fait que le nom de la compagnie, qui figure sur la dérive, n'est pas présent sur celle de l'autre appareil servant sur cette ligne, le n°26 F-AQCN. [© Michel Barrière]
Le F.190 F-AJAI en service à la S.T.P.O. en 1934. Il semble que ces appareils affrétés auprès d'Air Orient, puis d'Air France, aient conservé leur livrée Air Orient surchargée des initiales STPO. [© Michel Barrière]
Georges Goumin a dissimulé les marques de la STPO sous une couche de peinture qui apparaît plus sombre. L'avion porte sous la vitre du poste de pilotage l'insigne de l'Aéro-Club "Maurice Noguès" de Damas. [© Michel Barrière]
Le F.190 F-AJAI rebaptisé "Corbineau" en 1937, toujours sous sa livrée STPO. Derrière son nouveau nom de baptême figure maintenant sous la fenêtre du poste de pilotage l'insigne de l'Aéro-Club "Maurice Noguès" de Damas. [Coll HG Jenks via Air Britain].
En décembre 1937, le F.190 n°14 est alors acheté par Georges Goumin, pilote en service à Rayak, qui le baptise "Corbineau". Né à Orange le 19 février 1905, engagé dans l'aviation en 1923, Georges Goumin obtient son brevet de pilote en 1929. Promu lieutenant en 1930, il est affecté en 1931 au 39° Régiment d'Aviation du Levant où il passera 8 ans.
En octobre 1938, le F.190 passe sa visite à Rayak à 1189 heures de vol; sa configuration n'a pas sensiblement changé depuis l'origine. Rappelé en France pour prendre en juillet le commandement du groupe d'instruction à l'École de radionavigants de Saint Jean d'Angély, Goumin laisse le F.190 n°14 sur place en avril 1939, l'ayant sans doute cédé à l'Aéro-Club "Maurice Noguès" basé à Damas sur le terrain militaire de Mezze.
F.190 n° 14 / 7127
FL-AUM
¤ 1940-1942 : le survivant ?
Indiqué dans le registre F comme radié en avril 1939, cet appareil est probablement resté à Rayak au début de la guerre, utilisé marginalement peut-être. C'est en tout cas le seul de son type qui ait pu être sur place, et c'est donc selon toute vraisemblance lui qui est récupéré sur le terrain de Rayak par les Forces Aériennes Françaises Libres en 1942. Si tel est bien le cas, il est convoyé par la route à Damas et remis en état de vol comme avion de servitude et utilisé au Levant par les Lignes Aériennes Militaires avec l'immatriculation FL-AUM.
Quelques vols de cet appareil sont connus : liaison Damas - Bagdad le 16/06/42 (pilote : Lt Speich), liaison vers Le Caire le 18/07/42 (transport du Cdt Sladek et de son équipage pour transformation sur Lodestar). Son dernier vol pour les L.A.M. aurait eu lieu le 25 juillet 1942. Sort ultérieur inconnu.
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