Crezan
F190
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F.190 n°53 / 72..


            D'une façon générale, nous manquons d'informations fiables sur les F.190 acquis par l'État Français, Ministère de l'Air ou éventuellement Ministère des Colonies. Les données dont nous disposons sont diverses:


            En ce qui concerne les appareils coloniaux, la situation est en effet complexe. En 1929, dès le 1° Congrés de l'Aviation Sanitaire de 1929, Farman avait marqué son intérêt pour cette possibilité en présentant un F.190 et en proposant son aménagement. Nous ignorons, si un appareil ainsi modifié fut présenté, la seule photographie connue étant une photographie retpuchée du F.190 F-AIXM porteur d'une croix rouge sur le capot moteur.


            Le seul appareil aménagé en version sanitaire est le F.197 n°2 vendu à l'Uruguay en juillet 1930;  la photographie de l'aménagement sanitaire d'un F.190 est probablement celle de cet appareil. Cet aménagement figeait la finalité de l'appareil, tant par l'aménagement interieur que par la modification importante du fuselage qu'il imposait en aménageant une porte d'accès des civières dans le flanc gauche de l'appareil.


            Au cours de 1930 et 1931, les mentalités évoluèrent et l'idée, notamment pour les besoins sanitaires civils, d'avions de transport facilement aménageables en avions sanitaires, par une modification légère permettant l'emport d'une civière et de matriel médical, devint la référence dans les milieux médicaux et associatifs : cette démarche permettait en effet de bénéficier d'une flotte potentiellement importante en tant que de besoin. .

  

 Schéma d'aménagement (L'Air, 15 mai 1929), photo de la cabine et restitution du profil gauche d'un F.190 sanitaire. [Coll. Michel Barrière]


            Selon Jean Liron dans son ouvrage "Les avions Farman" (Coll Docavia n°21, p 116) , "le F.190 …fit également l'objet de commandes de la part du Ministère de l'Air. En 1931, ce dernier acquit deux F.190 à raison de 200.000 F pièce et quatre autres en version coloniale pour la somme de 644.155F. L'exemplaire n°53 quatrième de cette version sera testé à Villacoublay."


            Du 25 au 30 juillet 1931, à l'occasion de l'Exposition Colniale Internationale, eut de nouveau lieu un grand Congrés de l'Aviation Sanitaire, cette fois à Orly où devait se dérouler le 30 juillet une présentation au sol et en vol des avions de divers constructeurs, français et étrangers. Cette prrésentation était suivie de divers déplacements, dont une visite des établissements Farman.


            Le F.190 n°53 apparait dans le carnet de vol de Coupet pour son premier vol le 7 avril 1931. Le 8 mai suivant, il effectue son troisième vol de 55 minutes toujours aux mains de Coupet qui le transfére à Villacoublay le 21 mai. Sa configuration - et notamment sa motorisation - est inconnue, mais son numéro de série dans la version F.190 laisse supposer qu'il était doté d'un classique Titan GR5.

            Le 30 juillet, Les Ailes indiquent que "la maison Farman présentera à Orly à l'occasion des Journées d'Aviation Sanitaire Coloniale son F-190 spécialement construit pour les colonies, rapidement transformable en avion sanitaire ou de liaison pour quatre ou cinq passagers. Quatre appareils de ce type, équipés de moteurs différents, sont en cours d'essais officiels, au Service Technique ..."

 

            Le F.190 n°53 n'a donc pas été le seul testé et peut-être plutôt le premier que le quatrième de sa version à passer à Villacoublay si nous considérons les dates. En outre, ces appareils coloniaux n'étaient pas nécessairement conçus comme le F.197 uruguayen pour une finalité uniquement sanitaire.


            Plusieurs sources mentionnent la présentation en vol d'un F.190 le 30 juillet. Les Ailes du 13 août complètent utilement cette information en précisant "Un monoplan F-197, transformable en  avion sanitaire ou de transport, a été présenté par Burtin à Orly. Ce type d'appareil a été vivement apprécié par les membres du jury du Congrés d'Aviation Sanitaire Coloniale"


            A priori, la question reste entière sur l'identification des trois autres appareils de la série. Malgré ses lacunes, la liste de production non militaire de Farman et les numérations des série des versions de F.190 ne permettent pas de répondre avec certitude à cette question. Néanmoins, les monographies des appareils peuvent ouvrir une piste.


            En effet, deux F.197 entrent au montage à Toussus-le-Noble au début de l'année 1931, l'un en janvier, l'autre début février.

            Le second est le F.197 n°5 F-ALFA, n/c 7266, qui pourrait être l'avion utilisé par Burtin à Orly et dont la carrière est inconnue jusqu'en 1934 où il est converti par Farman. 

            Il est tentant de considérer également le F.193 n°3 n/c 7267, immatriculé F-ALFB, jusqu'à l'été 1932 où il pris en charge par Air Service est ... entièrement peint en blanc! Livrée qu'il conservera, fort peu ordinaire pour Farman, mais tentante pour un appareil sanitaire.


            Nous ne connaissons rien sur cet appareil si ce n'est qu'il aurait survécu à la guerre, probablement stocké à Toussus : en juillet 1953, le spotter britannique Mike Hooks effectue un voyage en France à l'occasion du Salon du Bourget. Dans son compte-rendu publié 50 ans plus tard (AirBritain Aviation World n°2005/1), il mentionne la présence à Toussus-le-Noble du "Farman F.192 F-AKER démonté".


            Si les rapports et photographies confirment la présence de F.190 sanitaires en Afrique, nous n'avons pu jusqu'à présent les identifier, le mieux connu (si l'on peut dire) étant un F.190 sanitaire dénommé "Farm 18".

F.192 R4 n°01 / ?

F-AKER


            Selon Jean Liron dans son ouvrage "Les avions Farman" (Coll Docavia n°21, p 118) , "le F.192 F-AKER fut acquis par le Ministère de l'Air comme avion de reconnaissance coloniale sous le titre F.192 R4"


            Nous n'avons pu trouver la source de cette information. Depuis les années 20, les experts de l'aéronautique militaire comme Hirschauer considéraient qu'un appareil colonal était nécessairement métallique : dans ce contexte, la commande d'un F.192 standard ne s'explique guère si ce n'est par le grand débat sur l'aviation coloniale qui se développe à partir de l'été 1930 à l'approche de l'Exposition Coloniale Internationale de 1931.


            Le Journal Officiel récapitulant les commades d'avions coloniaux au titre de la politique des prototypes entre le 1° octobre 1928 et le 1° mars 1933 mentionne seulement le F.196 n°01 "tout métal" pour un montant de 1.168.000 F et une petite série de 4 F.190, commande d'un montant de 644.155 F.

            Suite aux succès de ses raids emblématiques, le F.190 représentait pour le grand public l'avion léger colonial comme le montre le grand diorama d'un F.190 se posant en Afrique réalisé pour l'exposition, mais les militaires n'avaient aucune illusion sur sa survie dans les climats coloniaux.

            Nous n'avons aucun élément précis sur ce F.192 F-AKER qui a dû être l'un des 4 cités ci-dessus sinon qu'il aurait survécu à la guerre, probablement stocké à Toussus : en juillet 1953, le spotter britannique Mike Hooks effectue un voyage en France à l'occasion du Salon du Bourget. Dans son compte-rendu publié 50 ans plus tard (AirBritain Aviation World n°2005/1), il mentionne la présence à Toussus-le-Noble du "Farman F.192 F-AKER démonté". L'immatricullation identique à cette du F.290 n°1 reste un mystère, compte tenu du caractère contemporain de ces appareils.

F.190 n° ? / ?

"Farm 18"


            Des F.190 de diverses versions ont été acquis dans le cadre du programme des monomoteurs coloniaux. Les dates d'achat sont incertaines, mais si tel est bien le cas, des acquisitions isolées auraient commencé en 1930, car d'après le général Stiot, la 3° escadrille d'AOF basée à Gao disposait en 1930 d'un "Farman 190" sanitaire. Néanmoins, s'il y a eu une commande de série, cela n'a guère pu intervenir qu'en 1932.

 

            Le 12 octobre 1933, le mécanicien Gaston Ladarré vole à la 1° escadrille d'AOF à Bamako sur un F.190 désigné dans son carnet de vol comme "Farm 18".


            Une photographie prise en octobre ou novembre 1933 montre un Farman F.190 sanitaire doté d'un moteur GR 5 Ba. A l'instar des premiers F.290 il est équipé de tuyaux d'échappement placés sous le fuselage.

            A noter que la dénomination de cet appareil ne peut correspondre au F.190 n°18, avéré comme détruit au Sahara à cette époque.

La première escadrille d'AOF à Bamako en 1935

Au premier plan , le "Farm 18" [Coll Gaston Ladarré]

Le F.190 "Farm 18" à Bamako en 1935 ; la couleur de l'insigne, représentant apparemment un criquet pèlerin, est inconnue.

Les tuyaux d'échappement ventraux ne sont pas représentés sur ce profil provisoire.

[© Michel Barrière]


            Nous ne connaissons rien de précis sur l'activité des Farman 190 sanitaires de l'AOF. Compte tenu de la présence de Potez 29 sanitaires , il est difficile de savoir à quel type d'appareil sanitaire correpondrait tel ou tel événement.


            Ce "Farm 18" est entièrement peint en blanc. Son insigne est celui (non référencé) de la 1° escadrille d'AOF, basée à Bamako et dotée de Potez 25 : un criquet pèlerin (vert sur fond blanc ?). La 3° escadrille à Gao aurait également disposé d''un Farman et il est vraisemblable que ce fut également le cas pour la 2° escadrille basée à Thiès. Une photo des archives de Vincennes confirme la présence en A.O.F. d'au moins un F.192 sanitaire, malheureusement vu de face et inidentifiable. D'autres sources (comme la Revue militaire de l'AOF) évoquent également la présence de F.190 sanitaires dans les unités d'AOF.


            Le 26 septembre 1935, Félix Eboué, lieutenant-gouverneur par interim du Soudan français, inaugure le nouveau terrain d'atterrissage de l'hopital de Bamako ("formation hospitalière du Point G"). A cette occasion, un avion sanitaire vient se poser sur le terrain accompagné de plusieurs appareils de l'escadrille.

Les Avions Farman

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F.290  n°1 F-AKER