Crezan
F200
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F.200 / ....

F-ESAN


            En décembre 1922 se déroule le 7° Salon de l'Aéronautique. Pour une part importante de la presse, un appareil fait sensation : le monoplan biplace de tourisme présenté par Farman.

            La date de développement de cet appareil est inconnue. Fin mars 1920, M. Flandin , sous-secrétaire d'Etat à l'aéronautique, effectue une visite de Villacoublay. A cette occasion, plusieurs appareils lui sont présentés. En particulier, Bossoutrot effectue une présentation en vol d'un "appareil de tourisme à cabine fermée" [L'Auto, 31 mars 1920].


            L'Auto-Vélo du Salon de 1922 mentonne :


"L'appareil le plus pur de lignes de tout le salon est, sans contestation possible, le nouveau monoplan Farman de tourisme. Cet avion met la note d'élégance bien française qui manquait aux monoplans à aile épaisse et sa finition splendide a vivement impressionné M. Laurent Eynac."


"Le Président de la république, lors de sa visite, s'est tout spécialement intéressé au monoplan de tourisme 180 hp Hispano. Cet appareil, superbe de lignes, figure au stand Farman aux côtés du Farman de bombardement et de l'aérobus 600 hp Farman spécial."

 

"L'avion monoplan de Farman s'affirme comme le roi du Salon. Ses lignes admirables, son train d'atterrissage si spécial, l'élégance de sa cabine, en font l'avion de grand tourisme de l'avenir".


            Cette opinion n'est pas universellement partagée : The Aeroplane, en particulier, le donne comme l'appareil le plus laid que la firme Farman ait jamais construit ( "the ugliest machine that even the Farman firm has ever built").

            

            Pour sa part, Flight le considère cependant comme "the most interersting of the Farman machines".

            La dénomination F.200 semble provenir de l'article de présentation détaillée publié paru en avril 1923 dans Les Ailes, . 

  

Le monoplan biplace de tourisme sur le stand Farman au Salon de l'Aéronautique de 1922. [Flight]


            L'ensemble de l'appareil est typiquement Farman, simple et de construction bois.

            Le fuselage de 9, 50 m de long est quadrangulaire, avec deux places en tandem sous une cabine largement vitrée.

            La voilure de l'appareil est constituée d'une aile épaisse trapézoïdale de 10,80 m d'envergure de 60 cm d'épaisseur à l'encastrement, et de 15 cm à l'extrémité. La corde de 3,75 m à l'encastrement se réduit à &,50 m au saumon. L'aile est constituée de 2 longerons en caisson sur lesquels sont montées les nervures. L'assemblage se fait par des ferrures spéciales; l'aile est facilement démontable. Elle contient les réservoirs et comporte deux ailerons de relativement grande surface.

            Le train d'atterrissage, est à très large voie ( 3 mètres) soutenu par deux V verticaux situés à la partie centrale de l'aile et comportant un dispositif amortisseur.


            Le moteur est un Hispano-Suiza de 180 cv qui actionne une hélice tractive de 2,60m de diamètre.; il est soutenu par un berceau métallique constitué de deux caissons et une structure tubulaire en duralumin, fixé à l'avant du fuselage par 4 boulons. Le refroidissement est assuré par un radiateur frontal qui n'est pas sans rappeler celui des automobiles Farman. La disposition des échappements qui peuvent être désagréablement assimilés à une rampe d'accés par les passagers sera le point le plus critiqué.      

Le F.200 sur le stand Farman au Salon de l'Aéronautique de 1922.

[The Aeroplane]


            Lorsqu'il a été présenté au Salon, le Farman F.200 n'avait pas encore volé, et ses performances restaient inconnues. Selon Les Ailes, il aurait effectué ses premiers vols avec succès vers la mi-mai 1923 dans les mains de Bossoutrot. Les jours suivants, il aurait effectué divers vols de présentation et de démonstration, faisant preuve d'une bonne maniabilité avec une vitesse maximale d'environ 200 km/h et une vitesse à l'atterrissage d'environ 70 km/h. ll aurait alors emmené des "passagers et passagères qui tous se déclarèrent agérablement impressionnés, non seulement par l'excellente tenue de l'appareil, mais également par le grand confort de la carrosserie."

Version monoplace du F.200 en mai 1923 selon Jean Liron

Schéma 3 vues du monoplan de tourisme F.200 [Les Ailes]

            D'après Jean Liron, "si déjà il lui avait été difficile de décoller avec deux persoones à bord, il s'était révélé en outre totalement ingouvernable, l'aile, trop épaisse à la racine et placée immédiatement derrière l'hélice créail une telle zone de vide que les gouvernes arrière n'avaient aucune action."

[ Jean Liron, les avions Farman, Docavia]


            Le carnet de vol de Lucien Bossoutrot dans cette période ne fait d'ailleurs pas référence à des passagers ni à des vols de présentation. Bossoutrot effectue des essais en vol du "monoplan à ailes épaisses" le 10 mars. Dans les jours qui suivent, il effectue environ 8 séances - d'une demie-heure environ chacune - de tours de piste avec l'appareil. Le 27 mars, il fait une promenade aux environs de Toussus, et le 28 fait une visite à Villacoublay.


            Le 2 avril, Bossoutrot mentionne une courte séance d'essais et de réglages et, le 13 avril, il se rend à Villacoublay pour effectuer la présentation officielle de l'appareil "à la technique".

            Il ne reprend l'appareil désormais immatriculé F-ESAN que le 29 avril.


            Le 2 mai à 0h 23mn 50s, il décolle devant les officiels, Serge Kiriloff, commissaire, et Tuault, chronométreur, pour tenter de remporter la Coupe Michelin 1923. Le début du parcours se déroule sans encombre avec passages à Angers, puis à Bordeaux où il se pose à 5h07.

            Il rejoint ensuite Pau où un atterrissage forcé l'avait malencontreusement forcé à l'abandon lors de la Coupe Michelin 1921 alors qu'il pilotait son Sport-Farman. Le terrain ne lui est apparemment pas favorable, car à 6h58, il capote à l'atterrissage par suite du mauvais état du sol et se voit de nouveau contraint à l'abandon.

            Bossoutrot ne reprend pas l'appareil en 1923


¤ 1924

            Le F-ESAN réapparaît le 6 mai 1924 dans le carnet de vol de Bossoutrot. Le 28 juillet, il l'utilise pour se rendre au Bourget. Le 13 mai il effectue un court essai, puis le 16 mai, parti de Toussus se rend à Grenoble en 3 heures de vol. Curieusement, le carnet indique un vol de 3 heures et ne comporte pas de voyage de retour.


            Nous perdons ensuite la trace de l'appareil.

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F.60 n°2  F-GEAD

Liste de production F.200