F60
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Farman F.60 "Goliath"

Liste de production F.60

F.60 n°? / 68..

M.A.O. TURQUIE


La Mission Aéronautique d'Orient (MAO) en Turquie


            A l'automne 1919, la Mission Aéronautique d'Orient (MAO), mission aéronautique française commerciale et de propagande, se met en place en Turquie.

            Dirigée par le lieutenant-colonel de Goys, elle est constituée d'excellents pilotes comme Pelletier d'Oisy, Malavialle (qui décèdera d'une congestion pulmonaire), Sabourin, Gonin, Guidon, etc.

            Installée sur le terrain de San Stefano, près de Constantinople, elle commence son activité avec des Bréguet 14 équipés de 2 places passagers en vis à vis à l'arrière. Ses moyens sont ensuite accrus avec l'arrivée d'appareils de transport commercial : deux limousines Farman F.50, arrivées en caisse, sont montées sur place.


            Au printemps 1920, de Goys obtient de renforcer la flotte par l'achat de deux F.60 Goliath. Il décide de les convoyer en vol depuis Paris, rejoignant Constantinople sans escale. Chaque F.60 sera doté d'un équipage de deux pilotes et d'un mécanicien. Gonin, Pelletier d'Oisy, Sabourin et Dejobert sont désignés comme pilotes pour cette mission.


            Gonin part le premier pour assurer la préparation des avions. Arrivé à Paris pendant la période de grèves du 1° mai, il constate rapidement que la faible vitesse de croisière des Goliath ne permettra pas de réaliser Paris - Constantinople sans escale : ce projet implique un vol de 26 heures, autonomie qui ne peut être atteinte avec les 2000 litres de carburant emportés par les appareils. La liaison se fera donc avec une escale de ravitaillement à Vienne Aspern, sensiblement à mi-chemin.


            Le premier des deux Goliath de la MAO est livré le 16 juillet 1920. Si nous nous en tenons à la séquence chronologie, leurs numéros de série (et numéros constructeur) sont inconnus, mais ils pourraient corespondre aux numéros de série 10 et 12.


            Le départ de ce premier Goliath pour Constantinople est décidé pour le 20 juillet, Gonin, Pelletier d'Oisy et le mécanicien Libert constituant l'équipage.

            Le 20 juillet à 7h00 du matin, l'appareil décolle aisément avec 2500 kg de charge. Le temps est au beau fixe. A midi, l'avion a passé Strasbourg et le Rhin et survole l'Allemagne Ulm, puis Munich, avec un bon vent de face qui réduit la vitesse moyenne à 100 km/h environ. Ce n'est qu'en fin d'après-midi que le Goliath survole Linz et Vienne pour se poser sur le terrain d'Aspern à 17h30.


            Le plein d'essence est commencé dans la nuit, mais il faut plus de 24 heures à l'équipage pour transférer les 2000 litres d'essence dans l'appareil.

            Le 22 juillet à 6h00, le Goliath reprend l'air pour Constantinople, Pelletier d'Oisy aux commandes. Après deux heures de vol, alors qu'il vient de passer Budapest, un Salmson donne quelque inquiétude à l'équipage. L'incertitude ne dure pas longtemps: un vilebrequin cassé met un terme au voyage. Pelletier d'Oisy laisse le pilotage à Gonin qui vire sur un seul moteur pour rejoindre Szolnok, à 25 km au nord de leur route et à une centaine de kilomètres de Buda-Pest, se posant hélice calée sur un petit champ à proximité de la gare.


            Après avoir arrimé l'appareil près d'un petit bois, Gonin et Pelletier d'Oisy contactent la mission française du Général Hamelin en Hongrie qui leur assure le soutien nécessaire pour le dépannage. Le récit de Gonin des événements suivants, tel qu'il est publié dans la Vie Aérienne Illustrée (6 novembre 1920), ne décrit pas précisément les événements qui s'ensuivent.

            Les communications avec Paris sont lentes. Une première réparation est sans doute faite sur place car, le 10 août, le Goliath fait une arrivée remarquée à Budapest avec à son bord 8 officiers français - des aviateurs de la mission de Goys présents en Hongrie les ont rejoint - et 2 passagers. Cependant, Gonin mentionne qu'après un long mois d'attente, l'équipage décide de revenir à Paris chercher un moteur de rechange. L'article de Gonin se termine sur les mots suivants : "Tous nos espoirs déçus, c'est avec beaucoup de mélancolie que je retrouve dans cette bonne capitale nos amis qui avaient été si enthousiasmés par notre première étape. J'attends! Voici l'automne, la pluie, comment vais-je retrouver le bel avion que je serais si fier de mener au but."


            Après réparation, l'appareil rejoint Constantinople sans plus d'encombres, probablement fin octobre. Le 11 novembre 1920, peu après son arrivée, Gonin emmène 15 passagers en vol au-dessus de Constantinople.


            Le Goliath effectue par la suite des transports de passagers dans la région. Il permet également à Guidon de se familiariser avec l'appareil avant de tenter au printemps 1921 la récupération du second Goliath, accidenté en Serbie lors de son transit.


            Pendant cette période, la seule photo connue du Goliath le montre en vol, portant probablement la livrée Farman bleu clair à toit blanc et voilure vernie, avec drapeau français sur la dérive.

            S'agissant d'appareils acquis par une structure à caractère militaire, les Goliath ne sont pas immatriculés dans le registre civil pendant leur passage à la MAO.


            Le 3 octobre 1922 a lieu le premier voyage officiel de la Franco-Roumaine vers Constantinople. Guidon y participe. A son arrivée sur le terrain de San Stefano, il voit dans un coin du terrain l'épave du Goliath qu'une tempête a détruit avec son hangar. [Icare n°73].


            L'avion ne sera jamais pris en compte par la Compagnie Franco-Roumaine.

Le premier Goliath de la MAO piloté par Guidon à Constantinople en 1920. Il porte la livrée bleu ciel de Farman, ailes vernies. La photo est prise depuis un Farman F.50.

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F.60 n°11  F-YHMF

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