F.60 n°27 à 31 / 68..

JAPON & AUTRES

 Les premiers F.60 Bn2 et F.60 torpilleurs

            Les cinq F.60 n° 27 à 31 produits en 1921-22 ne correspondent à aucun Goliath civil inscrit au registre F; il en sera de même de plusieurs F.60 produits en 1922 dans la série n°45 à 59.

            Le premier Goliath F.60 Bn2 est recetté par Bossoutrot dans les premiers jours de février 1922. La chaîne de production qui leur sera dédiée semble être en place et très active, et des cellules civiles auraient été utilisées pour initier les productions correspondantes. Surtout, pour répondre au besoin de l'exportation au Japon, il semblerait que les appareils aient été montés à partir de cellules de F.60 commerciaux.

 Les Tei-2 et Tei 2/2 destinés au Japon

            Le 17 mars 1920, la presse mentionne que 300 appareils, principalement des Spad et des Farman, auraient été commandés lors de la visite du Général Nagaoka, président de la société impériale d'aviation du Japon lors de son tour d'Europe effectué en début d'année pour permettre au Japon de connaître l'état de l'art et de s'équiper d'appareils modernes.

            Aucune activité industrielle ne semble alors découler de ces commandes : l'opinion générale est qu'il s'agit d'une vente de surplus de guerre, complétant le matériel d'origine allemande remis en conclusion des dommages de guerre. Le Japon est en outre une cible commerciale "tenue" par le Royaume-Uni qui, sous la surveillance des Etats-Unis, investit surtout dans la Marine Impériale Japonaise. Cependant, à partir de 1920, la France, très présente dans le commerce aéronautique, maintient dans ce pays une active mission militaire.

            Selon "l'Encyclopédie des avions japonais", l'Armée Impériale Japonaise aurait décidé en avril 1920 l'achat de 5 Farman F.50. Le premier arrivé s'avéra être un appareil de seconde main réhabilité : il resta le seul livré. Sous la désignation Tei-1 (Tei, caractère Kanji affecté à Farman), il fut utilisé d'abord pour des études sur le bombardement, puis affecté en 1922 à l'Ecole d'Aviation de Tokorosawa. Ce contrat n'aura pas de suite et l'armée japonaise tourne alors son attention vers le F.60.

            L'un des promoteurs de cet achat serait le capitaine Mugita Hirao (transcription incertaine), membre du Comité Exécutif du traité de Paris, qui étudie les développements des stratégies militaires en Europe, notamment pour ce qui est du bombardement. Connaissant les possibilités du Goliath, il défend alors l'idée de convertir l'appareil civil en bombardier de nuit.

            Une fois le projet approuvé, le conseiller d'ambassade Matsuda aurait pris contact avec Farman pour négocier et lancer les modifications correspondantes à une cellule de Goliath commercial. La cabine passagers était modifiée pour y installer deux casiers de bombes de 50 kg. Des bombes de 100 kg pouvaient également être accrochées sous le fuselage et des tourelles de mitrailleuses étaient montées à l'avant et sur le dos du fuselage. La structure générale du fuselage était conservée et, de ce fait, une partie des fenêtres du transport civil subsistait. De source japonaise, il fallut 5 mois à Farman pour modifier l'appareil. Les appareils seront livrés démontés et en caisse pour pouvoir être transportés par voie ferrée à l'arrivée.

            Si la presse française reste quasiment muette, la presse anglo-australienne est très sensible au développement de l'Armée Impériale Japonaise : à  partir du 4 mars, elle diffuse largement une courte dépêche indiquant que le Japon a acheté à la France 5 Goliath équipés pour des missions militaires. Le 2 mars 1921, à l'occasion d'une visite de l'Ecole de guerre chez Farman, les officiers peuvent admirer les premiers appareils de cette commande de Goliath convertis en bombardiers de nuit Bn2 (Le Figaro, 6 mars 1921) dont, selon Jean Liron, 2 exemplaires auraient été livrés à la mi-1921.

            Quoi qu'il en soit, l'exécution de ce contrat conduit à la livraison en novembre 1921 de 5 F.60, qui seront intégrés dans l'Armée Impériale sous la désignation Tei-2.

            L'utilisation opérationnelle des F.60 comme bombardiers lourds de nuit est officiellement décidée le 10 novembre 1921. Ils sont déployés à partir de décembre sur le terrain de Tachikawa.

            Ce premier lot est suivi de la commande d'un second lot de 3 appareils en 1922. La première unité de bombardement japonaise, le 7° Hiko Rentai, est constituée le 1°mai 1922 avec 6 appareils.

            Au total, ce seront 16 appareils qui seront commandés par le Japon. 2 autres appareils seront commandés en 1923, 4 en 1924 et 2 en 1925.

            La totalité des F.60 mis en service au Japon sous la désignation Tei-2 seront des appareils importés (Japanese aircraft: 1910-1941, Robert C. Mikesh & Shorzoe Abe). Il fut bien envisagé un temps d'en confier la fabrication à Nakijama, mais ce projet n'eut aucune suite du fait du caractère obsolète de la technologie.

            Les derniers appareils seront des F.62 Bn4 équipés de Lorraine 400 cv et F.62 Bn4, équipé de Lorraine 450 cv, livrés respectivement en 1924 et 1925, sous l'appellation Tei-2/2.

            En fait, d'après la source japonaise précédemment citée, les F.60 initiaux équipés de moteurs Salmson 9Zm (Tei-2/1), sous-motorisés, ne donnent pas satisfaction à leurs utilisateurs. En 1924, quatre F.60 décollent de Tokorozawa pour Séoul : ils abandonnent à l'exception d'un seul qui arrive à destination. C'est la mousson, et la vitesse moyenne des Goliath n'est que de 70 km, ce qui implique 4 heures de vol pour traverser le détroit de Corée.

            Dès le début 1924, l'Armée Impériale Japonaise a passé un contrat à Kawasaki pour remplacer les Farman F.50 et F.60 par un monoplan tout métal, conçu et produit avec l'aide de Dornier.

            Les 16 Goliath équipant l'Armée Impériale Japonaise seront utilisés en tant que bombardiers de nuit, avant d'être réformés en juin 1928.